Les médicaments

Si tu t'inquiètes pour un∙e ami∙e ou un membre de ta famille parce qu'il ou elle consomme des médicaments pour les effets psychoactifs que ceux-ci procurent et que tu penses qu'il ou elle prend des risques, sache que c'est normal de te sentir préoccupé∙e. Peu importe le type de substance, c'est difficile de voir quelqu'un que tu apprécies courir des risques pour sa santé en consommant des substances, qu’elles soient légales ou illégales.

Tout d'abord, bravo d'essayer de trouver des informations ! Il est important de ne pas garder tes inquiétudes pour toi et d'en parler à une personne de confiance ou à un∙e professionnel∙le. La démarche que tu fais en cherchant des réponses montre que tu te soucies de cette personne, et tu peux en être fier∙ère.

Parle à la personne concernée pour lui exprimer ce que tu ressens et ce que tu observes, lorsque celle-ci n’est pas sous l’effet du médicament. Rien ne sert de parler à une personne sous l’effet d’une substance. Essaie de ne pas la juger ni de lui donner des leçons, car elle peut ne pas voir le problème de la même manière que toi et pourrait se sentir jugée. Il est important de t'exprimer en «je». Parle de tes propres sentiments en utilisant des phrases comme « je ressens que » ou « je m'inquiète de » et évite des phrases comme «tu es toujours» ou «tu ne fais rien pour». Tu peux même lui proposer de lire ensemble des informations sur le ou les médicaments qu'il ou elle consomme, par exemple en visitant la section « je consomme » de ce site web. Tu peux également lui suggérer de bénéficier d’un·e aide professionnelle anonyme et gratuite en ligne via le site SafeZone.ch.

Parfois, il se peut que l'autre personne ne veuille pas d'aide ou ne soit pas prête à l'accepter. Dans ce cas, dis-lui simplement que tu es là pour elle et que tu restes disponible pour discuter. Mais, si elle est ouverte à de l’aide, tu peux lui proposer d’en discuter avec son médecin traitant ou encore de bénéficier d’un soutien professionnel sur place en visitant la page « Trouver de l’aide ». Ces services sont gratuits et les professionnel∙le∙s gardent les informations de manière confidentielles.

N'oublie pas que tu n'es pas responsable des choix des autres. Ce n'est pas de ta faute si une personne consomme des médicaments pour obtenir des effets psychoactifs ! Pour te protéger, prends du temps pour toi et fais des activités qui te font du bien, comme pratiquer du sport, passer du temps dans la nature ou voir des ami∙e∙s qui ne consomment pas de médicaments ou d'autres substances. En t'accordant des moments pour toi avec des personnes de confiance et en faisant des activités que tu aimes, tu te sentiras mieux.

En tant que proche d’une personne qui consomme des médicaments avec effets psychoactifs, tu as le droit de demander un soutien professionnel pour toi. Si tu en ressens le besoin, n’hésite pas à contacter un∙e professionnel∙le pour obtenir des conseils. Cela ter permettra de mieux vivre la situation et trouver des solutions pour ton bien-être. Tu peux consulter la page « Trouver de l’aide » de ce site web ou bénéficier d’une consultation en ligne anonyme et gratuite via la plateforme SafeZone.ch.

La consommation à «faible risque», c'est lorsque les gens utilisent des médicaments de manière très occasionnelle ou dans le cadre d'un suivi médical. Par exemple, si le médicament a été prescrit par un médecin dans un cadre stricte et est suivi médicalement, on peut parler de consommation à faible risque. Il se peut également qu'une personne en consomme en dehors d’une prescription médicale dans le but de ressentir les effets psychoactifs. Pour que la consommation reste à faible risque, elle doit se dérouler dans des conditions spécifiques notamment dans un cadre sécurisé (avec des personnes de confiance) et de manière vraiment très occasionnelle. La personne doit également connaitre les quantités supportées en fonction de son poids, de son âge et de son sexe biologique. Enfin, il est absolument nécessaire de connaitre la composition exact du comprimé/sirop consommé (soit acheté dans une pharmacie officielle, soit le faire tester auprès d'un Drug Checking, où les substances, y compris les médicaments peuvent être analysés, afin d'en connaitre l'exacte composition). Enfin, la consommation doit être faite selon les règles de Safer Use permettant de limiter les risques. Mais il est important de savoir que même une utilisation occasionnelle et en appliquant les règles de Safer Use comporte toujours des risques de surdose ou d'empoisonnement, pouvant mener à des conséquences graves et à la mort.

L’effet de chaque médicament dépend de plusieurs critères comme:

1. La quantité de substance active et la concentration du produit («drug»):

  • Est-ce un médicament très fort?
  • Où a-t-il été obtenu? Pharmacie officielle ou marché noir ?
  • Quelle est la molécule active ?
  • Quel est sa composition exacte?

2. Les caractéristiques de la personne qui consomme (âge, sexe, poids, état de santé générale) ainsi que son état d’esprit au moment de la consommation («set») :

  • La dose prise respecte-t-elle les recommandations en termes d’âge, de poids et de sexe biologique ?
  • Est-ce que la personne se sent bien et est prête psychologiquement à consommer ce type de médicaments ?
  • Est-ce que la personne est apte physiquement pour la molécule en question?

3. La situation, le lieu ou l’environnement dans lequel elle consomme la substance (« setting »):

  • Est-ce entre ami∙e∙s en qui la personne a entièrement confiance?
  • Y a-t-il des personnes présentes qui ne consomment pas afin de s’assurer pouvoir contacter les secours en cas de problème ?
  • Est-ce que l’ambiance correspond à l’état d’esprit de la personne qui consomme ?
  • Est-ce que le cadre de la consommation est sécurisé?
  • etc.

La consommation « à risque » ou « problématique » concerne la manière dont quelqu'un utilise des substances, à quelle fréquence et dans quelles situations. Par exemple, si quelqu'un consomme régulièrement des médicaments avec des effets psychoactifs en dehors d’une prescription faite par une médecin, avant ou pendant le travail, les études, la conduite, le sport, la grossesse ou l'allaitement, cela peut être dangereux pour elle-même et pour les autres. Il en va de même si la consommation a un impact négatif sur la santé (mentale ou physique).

L'âge de la personne peut également jouer un rôle, car plus on commence jeune, plus on risque de rencontrer des problèmes de santé mentale et physique liés à la consommation. De plus, mélanger différentes substances, comme les médicaments et l'alcool, comporte de nombreux risques. En résumé, la consommation à risque ou problématique signifie que la façon dont on utilise des substances peut causer des problèmes de santé et des problèmes dans la vie quotidienne.

Au même titre que certaines drogues, il est possible de devenir dépendant ou addict à certains médicaments. Ce n'est pas parce que le médicament a été prescrit par un médecin que le risque d'addiction ou de dépendance disparait. En effet, certains médicaments sont supers addictifs.

On parle de dépendance lorsqu'on souffre de syndromes physiques de sevrage à l'arrêt de la consommation. L'addiction quant à elle concerne la consommation excessive d'une substance avec une difficulté à reprendre le contrôle sur le comportement en dépit des conséquences néfastes de la consommation. Ici donc, les consommations de médicaments vont impacter la santé mentale ou physique, les activités (professionnelles, scolaires) ainsi que l'entourage de la personne, sans qu'elle n’arrive à arrêter ou reprendre le contrôle.

Une tolérance à la substance peut être développée, ce qui signifie qu'il faut en consommer plus pour ressentir les mêmes effets. C’est comme devenir insensible. La personne va donc augmenter les quantités consommées. Lorsque la personne essaie d’arrêter, elle peut éprouver des symptômes de sevrage physiques et psychiques forts en fonction du type de médicaments.

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