Médicaments
En Suisse, les médicaments sont strictement contrôlés par une autorité appelée Swissmedic avant d'être autorisés à la vente. Dans le cadre de suivis médicaux, la plupart des médicaments utilisés pour se « défoncer » sont utilisés comme calmants, anti-douleurs, antitussifs ou pour le traitement du trouble déficitaire de l'attention avec/sans hyperactivité (TDAH). Certains médicaments peuvent affecter l’état d'esprit en fonction de leur composition chimique. Aujourd’hui, plusieurs de ces médicaments sont utilisés à d’autres fins que celles prévues dans le cadre d’un suivi médical, par exemple le Xanax®, le Dormicum®, le Focalin®, la Ritaline®, le Makatussin®, le Dextrométhorphane, la codéine et encore d’autres.
Il arrive que certain∙e∙s jeunes, pour se sentir mieux, se détendre, gérer leur stress ou leurs émotions, pour s’amuser, pour le goût du risque, ou encore pensant accroitre leur productivité prennent des médicaments pour certains effets que ceux-ci procurent (consommation pour ressentir des effets psychoactifs, comme une modification des perceptions, des pensées, des sentiments, etc.). Ces dernières années en Suisse, les médias ont fait état de jeunes qui sont mort·e·s car ils/elles ont pris des médicaments en dehors d’un suivi médical et les ont consommés avec différentes substances (avec de l’alcool, différents médicaments ou d’autres drogues) dans le but d'en ressentir les effets psychoactifs ou de «défonce». Les interactions, c’est-à-dire l’action de plusieurs substances entre elles, et les effets produits par différentes substances mélangées ne sont pas maitrisables et peuvent mener à de graves conséquences.
Tu as peut-être entendu parler ou tu as déjà vu ces mélanges de médicaments à base d’opioïdes et de limonade ou alcool, appelés Purple drank, Lean, Codé ou Dirty sprite. Certain∙e∙s influenceur∙euses et des stars de la musique hip hop sont connus pour en avoir beaucoup parlé ou en avoir consommé. Malheureusement, certains sont décédés des suites de la consommation de ces mélanges ou d'autres médicaments. Il est essentiel de comprendre que même si certain∙e∙s en parlent de manière cool, la réalité est très différente.
De nombreux médicaments peuvent avoir des effets psychoactifs ou de «défonce». Ces médicaments sont pour la plupart soumis à ordonnance, c'est-à-dire qu'il faut une prescription d'un médecin pour l'obtenir dans une pharmacie. Il existe différentes catégories de médicaments, nous te les détaillons ci-dessous.
Les stimulants (Ritaline®, Adderall® & co) : sont utilisés pour le traitement du Trouble Déficitaire de l'Attention avec/sans Hyperactivité (TDAH) et permettent aux personnes avec TDAH d'améliorer leur capacité à se concentrer, à être moins impulsives et à réduire les comportements qui dérangent les autres (p. ex. en classe). Ces stimulants pris de manière récréative ont un effet complètement différent sur les personnes qui ne sont pas atteintes de TDAH: regain d’énergie, de motivation, sentiment d’euphorie. Cela comporte de nombreux risques pour la santé, comme des crampes musculaires, des crises de paniques, un épuisement psychique, une humeur dépressive, des états psychotiques, etc.
Les médicaments à base d'opioïdes (Tramadol®, Makatussin®, fentanyl & co) : sont utilisés en médecine pour leurs effets anti-douleurs, modérateurs, apaisants, pour calmer la toux, pour l’anesthésie ou encore pour le traitement d’une grave addiction à l’héroïne. Ces médicaments sont très addictifs et très forts. Il en existe trois types: les dérivés naturels de l’opium, les composés semi-synthétiques et les composés synthétiques. Les personnes qui en consomment en dehors d'une prescription médicale, le font souvent pour ressentir divers effets comme un sentiment de sérénité et d'insouciance, d'apaisement, d'euphorie, ou la tranquillité. Mais les risques de la consommation récréative d'opioïdes sont grands: malaise, évanouissement, confusion, délires et hallucinations, coma, arrêt respiratoire, décès, etc.
Les calmants ou benzodiazépines (Xanax®, Valium®, Temesta® & co): appelés aussi «benzos», ce sont des médicaments utilisés en médecine comme calmants, tranquillisants, anesthésiants, pour réguler le sommeil (p. ex. des problèmes d’insomnie) ou encore contre l’épilepsie. Lorsqu’un médecin prescrit ce type de médicament, il le fait en général pour un maximum de 4 à 6 semaines, en raison de leur très fort potentiel de dépendance. Lors de consommation récréative de «benzos», un sentiment de détente, de calme ainsi qu'une légère sensation de bonheur peuvent être ressentis. Les différents risques de la consommation sont les suivants: accoutumance, dépendance, trouble de la mémoire et «black out», allergie, ralentissement de la respiration, surdose et décès. Consommer des «benzos» lors d'une même soirée avec de l'alcool en parallèle peut conduire à la mort.
La consommation à «faible risque», c'est lorsque les gens utilisent des médicaments de manière très occasionnelle ou dans le cadre d'un suivi médical. Par exemple, si le médicament a été prescrit par un médecin dans un cadre stricte et est suivi médicalement, on peut parler de consommation à faible risque. Il se peut également qu'une personne en consomme en dehors d’une prescription médicale dans le but de ressentir les effets psychoactifs. Pour que la consommation reste à faible risque, elle doit se dérouler dans des conditions spécifiques notamment dans un cadre sécurisé (avec des personnes de confiance) et de manière vraiment très occasionnelle. La personne doit également connaitre les quantités supportées en fonction de son poids, de son âge et de son sexe biologique. Enfin, il est absolument nécessaire de connaitre la composition exact du comprimé/sirop consommé (soit acheté dans une pharmacie officielle, soit le faire tester auprès d'un Drug Checking, où les substances, y compris les médicaments peuvent être analysés, afin d'en connaitre l'exacte composition). Enfin, la consommation doit être faite selon les règles de Safer Use permettant de limiter les risques. Mais il est important de savoir que même une utilisation occasionnelle et en appliquant les règles de Safer Use comporte toujours des risques de surdose ou d'empoisonnement, pouvant mener à des conséquences graves et à la mort.
L’effet de chaque médicament dépend de plusieurs critères comme:
1. La quantité de substance active et la concentration du produit («drug»):
- Est-ce un médicament très fort?
- Où a-t-il été obtenu? Pharmacie officielle ou marché noir ?
- Quelle est la molécule active ?
- Quel est sa composition exacte?
2. Les caractéristiques de la personne qui consomme (âge, sexe, poids, état de santé générale) ainsi que son état d’esprit au moment de la consommation («set») :
- La dose prise respecte-t-elle les recommandations en termes d’âge, de poids et de sexe biologique ?
- Est-ce que la personne se sent bien et est prête psychologiquement à consommer ce type de médicaments ?
- Est-ce que la personne a une bonne santé physique, aucune allergie, etc.?
3. La situation, le lieu ou l’environnement dans lequel elle consomme la substance (« setting »):
- Est-ce entre ami∙e∙s en qui la personne a entièrement confiance?
- Y a-t-il des personnes présentes qui ne consomment pas afin de s’assurer pouvoir contacter les secours en cas de problème ?
- Est-ce que l’ambiance correspond à l’état d’esprit de la personne qui consomme ?
- Est-ce que le cadre de la consommation est sécurisé?
- etc.
La consommation « à risque » ou « problématique » concerne la manière dont quelqu'un utilise des substances, à quelle fréquence et dans quelles situations. Par exemple, si quelqu'un consomme régulièrement des médicaments avec des effets psychoactifs en dehors d’une prescription faite par une médecin, avant ou pendant le travail, les études, la conduite, le sport, la grossesse ou l'allaitement, cela peut être dangereux pour elle-même et pour les autres. Il en va de même si la consommation a un impact négatif sur la santé (mentale ou physique).
L'âge de la personne peut également jouer un rôle, car plus on commence jeune, plus on risque de rencontrer des problèmes de santé mentale et physique liés à la consommation. De plus, mélanger différentes substances, comme les médicaments et l'alcool, comporte de nombreux risques. En résumé, la consommation à risque ou problématique signifie que la façon dont on utilise des substances peut causer des problèmes de santé et des problèmes dans la vie quotidienne.
Au même titre que certaines drogues, il est possible de devenir dépendant ou addict à certains médicaments. Ce n'est pas parce que le médicament a été prescrit par un médecin que le risque d'addiction ou de dépendance disparait. En effet, certains médicaments sont supers addictifs.
On parle de dépendance lorsqu'on souffre de syndrome physique de sevrage à l'arrêt de la consommation. L'addiction quant à elle concerne la consommation excessive d'une substance avec une difficulté à reprendre le contrôle sur le comportement en dépit des conséquences néfastes de la consommation. Ici donc, les consommations de médicaments vont impacter la santé mentale ou physique, les activités (professionnelles, scolaires) ainsi que l'entourage de la personne, sans qu'elle n’arrive à arrêter ou reprendre le contrôle.
Une tolérance à la substance peut être développée, ce qui signifie qu'il faut en consommer plus pour ressentir les mêmes effets. C’est comme devenir insensible. La personne va donc augmenter les quantités consommées. Lorsque la personne essaie d’arrêter, elle peut éprouver des symptômes de sevrage physiques et psychiques forts en fonction du type de médicaments.